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DUCATI MULTISTRADA V4 S Full

 

 

Maxi-Trail au gros coeur

 

    Cela fait maintenant quelques années que Ducati a adopté l'architecture V4, pour ces modèles haut de gamme. C'est en 2018, que la Supersportive Panigale, a fait sa révolution, en abandonnant le mythique bicylindre. Puis, ce V4 a été installé sur le roadster Streetfighter, dès 2020. Mais Ducati est allé encore plus loin en 2021, en arrivant à caser cette monstrueuse mécanique, dans le cadre d'une Multistrada. On a comme d’habitude, pris notre temps, pour faire connaissance, avec ce trail routier haute performance. Par rapport à la Multistrada 1260, les changements sont profonds, et ne concernent pas uniquement la mécanique. Châssis, aérodynamisme, géométrie, et la philosophie de l'engin, tout a changé sur cette Multistrada V4.

 

 

Il reste un petit air de famille entre la 1260 V2 et la 1160 V4, mais certaines différences sautent carrément aux yeux. La 1260 était tout simplement un trail sportif, avec des jantes de 17 pouces et une monte pneumatique, totalement dédiées à la route. Son empattement légèrement plus grand, son monobras arrière, sa selle plus creusée, elle avait pour but, de faire avaler un maximum de kilomètres à son conducteur, en le faisant profiter du caractère de son terrible bicylindre. En créant cette inédite Multistrada V4, Ducati souhaitait lui donner, un minimum de polyvalence supplémentaire. La nouvelle jante avant de 19 pouces, le pneu arrière plus étroit, le débattement de suspension, majoré de 10mm à l’arrière, la Multistrada reste une routière hors pair, mais qui pourra également visiter quelques chemins de traverse.

 

 

Si le bec de dauphin est toujours d’actualité sur cette version V4, les ingénieurs ont néanmoins soigné, tous les détails aérodynamiques de cette Multistrada. Prises d’air plus discrètes au niveau des naseaux, des clignotants intégrés au carénage, de larges ouïes latérales qui permettent d’extraire un maximum d'air chaud, et de petits ailerons en partie basse, pour protéger les jambes du pilote, de la chaleur du moteur, rien n'est laissé au hasard. Les spécialistes de la marque, auront vite remarqué, le cadre d’un nouveau genre. Si la boucle arrière fait toujours appel à des tubes d’acier, le cadre principal lui, est à présent une structure monocoque en aluminium. Si on ajoute à ça la disparition du monobras arrière (disponible sur la Multistrada V4 RS et Pikes Peak) par un bras oscillant plus classique, on pourrait dire que cette Multistrada, a perdu une petite partie de son originalité. Le système de dépollution est placé sous la moto, résultat, la sortie d'échappement reste assez fine et élégante, même sans notre option Akrapovic. Bien sûr, la double sortie d'échappement courte, de la 1260, va quand même me manquer.

 

 

Le gros dossier reste bien évidemment cette mécanique hors-norme, pour un trail routier. Par rapport à la Panigale ou la Steetfighter, Ducati a souhaité lui offrir plus de rondeur dans son fonctionnement. Sur cette Multistrada, le bloc V4 passe donc de 1103 à 1158cm3, grâce à un alésage majoré de 2mm. Par rapport au bloc bicylindre, ce V4 abandonne la commande desmodromique, par un rappel plus classique des soupapes, avec ressort. Sans perdre en rendement, l’entretien de cette mécanique a donc été simplifiée (Révision tous les 15 000km). Et bien sûr, on ne peut pas faire l’impasse sur l’électronique embarquée d’une Ducati. Quatre modes de conduite au programme, avec une puissance maximum de 170ch en mode port et Touring, et 115ch en mode Urban ou Enduro. La centrale IMU agit sur le contrôle de traction DTC, l’anti-wheeling, l’ABS avec fonction Cornering (angle) et freinage couplé, avec l'anti-soulèvement du train arrière. Un écran TFT de 6.5 pouces et une simple commande au guidon, vous permettent de naviguer dans tous les menus. Vous pouvez encore compliquer les choses si vous optez pour notre version S, avec régulateur de vitesse adaptatif et une suspension piloté. Mais on va arrêter là, les longs discours, en vous laissant analyser la fiche technique de cette monstrueuse Multistrada.

 

 

  

 

Fiche technique et tarifs :

 

Moteur 4 cylindres en L à 90°
Refroidissement liquide
4 soupapes par cylindre
1158cc
Puissance : 170ch à 10500tr/mn
Couple : 125nm à 8750tr/mn
Emissions de CO2 :162g/km
Cadre monocoque en aluminium
Empattement de 1567mm
Hauteur de selle de 840 à 860mm
Poids de 240kg en ordre de marche
Fourche inversé Marzocchi de 50mm de diamètre avec débattement de 170mm
Mono-amortisseur Marzocchi arrière avec débattement de 180mm
Double disque de frein avant de 320mm avec étrier Brembo 4 pistons
Simple disque arrière de 265mm à étrier double piston
Pneu avant : 120/70/19
Pneu arrière : 170/60/17

Equipements version V4 S Full : Ecran TFT 6.5 pouces, Régulateur de vitesse adaptatif, surveillance des angles-morts, le pack carbone, le silencieux Akrapovic, les sacoches latérales (à installer), la centrale IMU (contrôle de traction, anti-wheeling, ABS couplé, 4 modes de conduites paramétrables), les feux directionnels, les poignées et sièges chauffants, la prise USB, le rangement smartphone, le démarrage sans clé, la connexion smartphone etc….Modèle d’essai Multistrada V4 S Full à 32 090€TTC

 

Tarifs de la gamme Multistrada V4 compris entre 28 590€TTC et 34 490€TTC.

 

  

 

Impression à l’essai:

 

    Il était temps pour moi, d'enfin tester ce fameux V4 italien. Le moteur monte doucement en température, mais je n’ai pas ressenti de chauffe excessive, même en ville. La boîte a besoin d’un minimum de chauffe, et malgré la garde un peu trop importante de l’embrayage, les passages de rapport, se font en douceur. Le Shifter est plutôt agréable à l’usage, mais je préfère encore passer les rapports à l'ancienne. Bien évidemment, on peut paramétrer les 4 modes de conduite à sa convenance, mais j’ai décidé de faire confiance à Ducati, avec les réglages standards. Mode Urban pour la ville, ou en conduite coulée, puis, on engage très rapidement le mode Touring, pour profiter de la puissance maximum. Justement, de ce côté-là, il y en a beaucoup trop, et ce V4 n’est pas plus souple que le légendaire bicylindre. La réponse à l’accélérateur est franche, la moto ne manque pas de couple, avec 2 cylindres en fonction sous 3000tr/mn, et les 4 cylindres en action, une fois passé ce régime. Ca pousse fort, et tout le temps, et il tire violemment dans les bras, à partir de 6000tr/mn. D’ailleurs, il sera difficile de constamment aller chercher la puissance maximum, sauf pour un pilote très expérimenté. La moindre ligne droite est avalée en un clin d’oeil. La protection ne souffre pas la critique sur route nationale, et l’équilibre de cette machine est parfaite. Je ne sais pas si ça vient de la suspension pilotée ou de la géniale monte pneumatique Pirelli Scorpion Trail, mais le grip est assez impressionnant, en tout cas, largement suffisant, pour ne pas se poser de question. Elle reste également très efficace sur route départementale et les courbes rapides, mais les choses se gâtent, une fois que l’on décide d'attaquer les routes de montagne. C'est de ma faute, j'adore les chemins sinueux, et cette Multistrada V4 S, n'est pas la plus maniable des motos. Ce n’est pas dû au poids de l'engin, mais plutôt à son centre de gravité, bien trop haut. Difficile d’attaquer une épingle en toute confiance, car si on doit freiner ou changer de trajectoire, relever cette machine, demande un certain effort. Bref, les manœuvres consistant à la mettre sur l'angle, ou la remettre à la verticale, ne s’improvisent pas. Malgré cette jantes avant de 19 pouces, cette Multistrada me donne néanmoins la sensation, d’être une pistarde. La réactivité prononcée de la mécanique, l’électronique embarquée au top, la suspension totalement paramétrable, la Multistrada a clairement, un caractère de sportive. Ce n'est pas grave, je dois me faire vieux, et mon niveau de pilotage n'est pas à la hauteur de ce trail haute performance. Difficile de se reposer donc, sur chemin sinueux, et je peste contre ce petit « clac » au niveau de la chaîne, quand je lâche la poignée de gaz. Je ne sais pas à quoi c’est dû, mais un réglage s'impose certainement. Pour la consommation, elle se contentera certainement de moins de 6.0L au 100km, à vitesse légale, sur nationale, mais votre moyenne se situera plutôt, entre 7.5 et 8.0L au 100km.

 

 

Conclusion :

 

    On ne changera jamais le constructeur italien. La sportivité avant tout, la Multistrada ne trahit pas cette philosophie, ancrée dans ses gênes. C’est limite, violent pour le commun des conducteurs de deux roues, mais on ne pourra jamais se plaindre, du manque de puissance. Pas forcément la plus maniable sur routes sinueuses, elle apprécie surtout les grandes courbes, avec un équilibre et un grip, rassurants. Le moteur est définitivement rageur, mais je n’ai pas véritablement été impressionné par la sonorité de l’échappement Akrapovic, de notre modèle d’essai. Cette Multistrada est un investissement conséquent, mais vous posséderez alors, une sacrée routière, qui ne craindra pas vraiment, la concurrence.

 

 

Les Plus :

 

- Performances hors-normes (pour un trail)
- Equilibre du châssis
- Electronique embarquée de folie
- Suspension réglable à l’envie (V4 S)
- Equipements de série
- Shifter plutôt efficace
- Freinage de haute qualité

 

Les Moins :

 

- Centre de gravité trop haut
- Caractère assez violent
- Un petit bruit de transmission

 

Mai 2024